Le Monde 26/05
Archives mensuelles : avril 2023
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đ Le patron de la SNCF veut faire payer lâaĂ©rien pour rĂ©nover les rails đ€Ź
Afin de moderniser le rĂ©seau ferrĂ© français, Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, veut faire payer ses concurrents : lâaĂ©rien et la voiture.
Mercredi 12 avril, Ă lâAssemblĂ©e nationale, le prĂ©sident de la SNCF Jean-Pierre Farandou a proposĂ© de taxer le secteur de lâaĂ©rien et le secteur autoroutier pour financer le plan Ă 100 milliards dâeuros promis pour le ferroviaire. Ce montant correspond Ă lâestimation des besoins lancĂ©e par le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui envisageait cette dĂ©pense sur quinze ans.
Lors de lâannonce du plan, fin fĂ©vrier 2023, le gouvernement avait expliquĂ© quâil se fonderait sur un scĂ©nario dit « de planification Ă©cologique ». Celui-ci sâĂ©loigne du cadrage budgĂ©taire actuel pour ajouter des investissements jugĂ©s « les plus pertinents pour faciliter le report de la route vers les transports collectifs et de la dĂ©carbonation ».
Mais Jean-Pierre Farandou, sans doute dĂ©sireux de battre le fer tant quâil est chaud maintenant que son projet dĂ©fendu depuis de long mois est validĂ© par lâexĂ©cutif, veut accĂ©lĂ©rer les choses. Et il a dĂ©jĂ dĂ©signĂ© ceux qui devraient, selon lui, mettre au pot : lâaĂ©rien et les autoroutes.
Un chantage de la SNCF ?
En effet, le prĂ©sident de la SNCF a demandĂ© un plan de financement avec des ressources pĂ©rennes et « une loi de programmation pluriannuelle » afin de garantir la mise en Ćuvre du plan. « Sâil nâest pas financĂ©, ce projet ne se fera pas », a prĂ©venu Jean-Pierre Farandou, dans une position proche du chantage. Il faut faire appel « à toutes les sources de financement accessibles », a-t-il insistĂ©.
Il a ainsi citĂ© les « nouvelles fiscalitĂ©s europĂ©ennes autour des quotas carbone » mais aussi des taxes, qui pourraient peser sur les types de transport ayant un « impact plus nĂ©gatif sur lâenvironnement ». « Je pense Ă lâaĂ©rien, je pense aux poids lourds et on a aussi les autoroutes qui sont une source de financement importante », a proposĂ© le prĂ©sident du groupe ferroviaire. DâaprĂšs lui, « une partie de la manne autoroutiĂšre pourrait servir Ă financer le ferroviaire ».
Les collectivitĂ©s locales devraient aussi ĂȘtre mises Ă contribution pour financer les projets de services express rĂ©gionaux. Les fameux « RER mĂ©tropolitains » quâEmmanuel Macron avait appelĂ© de ses voeux avec « des TER cadencĂ©s au quart dâheure » pour « irriguer » les grandes mĂ©tropoles. La SNCF prendra aussi sa part « à hauteur de sa capacitĂ© contributive rĂ©elle mais limitĂ©e » et avec une « ligne rouge : ne pas revenir au dĂ©ficit », a insistĂ© Jean-Pierre Farandou.
Vers une confrontation aérien/train ?
Le patron du groupe public a enfin dit espĂ©rer « quâun large consensus transpartisan puisse crĂ©er les conditions nĂ©cessaires dâune loi de programmation pluriannuelle ». Et ce afin de conforter « la mise en Ćuvre de ce plan dâavenir pour les transports ferroviaires de notre pays ».
Mais il semble oublier la position du Syndicat des compagnies aĂ©riennes autonomes (Scara), un syndicat professionnel de lâaĂ©rien revendiquant 50% des compagnies aĂ©riennes françaises. Le Scara « refuse lâidĂ©e dâĂȘtre une fois de plus taxĂ© pour financer le plan de dĂ©veloppement du transport ferroviaire », avait-il dĂ©clarĂ© le 28 fĂ©vrier. Et dâajouter : « Le transport aĂ©rien, [âŠ] finance Ă hauteur de 200 M⏠par an les infrastructures routiĂšres, ferroviaires, fluviales et portuaires, et [âŠ] il sera le seul mode de transport en France Ă compenser entiĂšrement ses Ă©missions de CO2 des vols domestiques dĂšs 2024 ». Le chemin vers le consensus semble encore long.
Les 100 milliards serviront Ă la rĂ©gĂ©nĂ©ration et la modernisation du rĂ©seau, dont lâĂąge moyen est de 30 ans en France, « lĂ oĂč en Allemagne il est de 17 ans et en Suisse, qui est une rĂ©fĂ©rence europĂ©enne en matiĂšre de ferroviaire, il est de 15 ans ».